Focus sur l’impact de la crise sanitaire sur les soldats du feu

Depuis plus d'un an, les zones de secours ont joué un rôle essentiel dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Découvrez les témoignages de Stéphane Thiry, Paul-Henri MenetCécile FievezBert Brugghemans et Katrien De Maeyer sur l’impact de la crise sanitaire sur leurs services.

 

Stéphane Thiry, commandant de la Zone de Secours Luxembourg 

Tout au long de la crise, les zones de secours ont été actives sur plusieurs fronts, notamment la coordination provinciale et fédérale, le soutien logistique et l'assistance dans les maisons de repos et de soins, les hôpitaux et les centres de pré-tri.

« La Zone de Secours Luxembourg a rapidement répondu favorablement aux demandes d’appui induites par la gestion de crise multidisciplinaire mise en place par le Gouverneur de la Province.

Nous nous sommes vu confier la tâche d’organiser la logistique des équipements de protection individuelle (masque chirurgicaux et FFP2, gants, blouses, gel hydro alcoolique, etc.) sur l’ensemble du territoire de la province. De plus, nous nous sommes lancés dans un vrai travail de bénédictins avec l’aide précieuse de la Chambre de Commerce Luxembourgeoise, des entreprises et de la Province de Luxembourg afin de récolter un maximum d’équipements au profit des métiers de la santé directement au contact des patients Covid positifs.

Tous ces chantiers ont été menés dans le cadre des missions confiées officiellement au poste de commandement opérationnel (PC OPS) mis en place par le Gouverneur et dont la direction a également été confiée à la discipline 1.

Concrètement, notre mission a consisté à :

  • Aider l’ensemble des institutions de la Province.
  • Ecouter et conseiller les institutions en demande.
  • Réaliser des visites-conseils au sein des établissements.
  • Organiser la réception des livraisons venant du HUB fédéral et de l’AVIQ.
  • Reconditionner les marchandises et optimaliser les livraisons.
  • Organiser les livraisons dans les 44 HUB communaux.

Dans le même temps, des mesures de confinement ont été prises en Belgique. La Zone de Secours Luxembourg s’est donc vue rapidement contrainte de répondre à plusieurs objectifs :

  • Se réorganiser efficacement afin de faire face à cette nouvelle problématique (Covid-19).
  • Maintenir sa capacité opérationnelle malgré la pandémie. Face à cette réalité, une question surgit inévitablement : combien de pompiers sont touchés par le coronavirus ?
  • Faire face à la problématique des mises en quarantaine ayant comme origine le milieu professionnel mais également familial.
  • Garder le moral des troupes confrontées tant à un nouveau risque professionnel qu’aux restrictions imposées à tout citoyen.

Que dire de l’importance de l’humain au sein de cette gestion extrêmement matérielle, réelle et factuelle de la crise ? Simplement que maintenir l’humain au cœur de nos activités est resté une de nos priorités tout au long de cette triste et difficile aventure !

Que dire de la situation actuelle ? Simplement que les dirigeants et le personnel des zones de secours ont démontré leur capacité à s’adapter et à faire face à toutes situations avec force et efficacité.

La première contribution tangible faite par la Zone de Secours Luxembourg mais également bon nombre d’autres zones à l'urgence sanitaire a été de mettre ses équipes d'intervention d'urgence à la disposition de l’Aide Médicale Urgente. Depuis lors, moult initiatives ont été proposées par du personnel opérationnel et administratif afin de continuer à œuvrer pour l’intérêt général et maintenir un service de qualité à la population ! Merci à tous ! »! 

Paul-Henri Menet, infirmier urgentiste et sergent volontaire au sein de la zone de secours de Wallonie Picarde

Durement touchées par la première vague de Covid-19, les maisons de repos et de soin ont bénéficié, via l’AVIQ, du soutien et des conseils de la zone de secours de Wallonie Picarde. Paul-Henri Menet est infirmier urgentiste et sergent volontaire, il a apporté son aide et son expertise aux établissements en demande.

« Notre mission n’avait pas pour but de contrôler le travail effectué au sein de la maison de repos et de soin, mais plutôt d’apporter une aide et de mettre en place des procédures logistiques et d’hygiène pour contrôler et enrayer la propagation de l’épidémie au sein de l’établissement concerné » explique Paul-Henri Menet. Il a pu constater les difficultés auxquelles le personnel est confronté au quotidien. « Les MRS ne sont pas des grosses structures comme les hôpitaux, qui possèdent des hygiénistes. Elles sont parfois laissées un peu seules. Le personnel est aussi différent, à l’image des aides-soignants bien plus nombreux que les infirmiers et qui manquent parfois de formation ou d’information » ajoute-t-il.

L’intervention de la zone de secours de Wallonie Picarde comportait deux volets : une partie logistique avec notamment du cohortage et une autre consacrée aux bonnes pratiques en matière d’hygiène. « J’ai mené toutes mes interventions en binôme avec un officier. Son rôle était de dresser un état des lieux de la situation et des procédures déjà mises en place. Pour l’aspect logistique, l’officier était chargé de pallier le manque d’EPI’s comme les masques ou les blouses. Pour ma part, en tant qu’infirmier urgentiste, je me suis chargé de la partie hygiène et cohortage. J’essayais donc, en fonction de la structure, de rassembler les cas positifs dans une aile pour éviter le mélange de patients positifs et négatifs.

Assistés par des collègues de la zone de secours qui se sont portés volontaires pour ces missions ou des agents de la Protection civile, nous avons déplacé les effets personnels des résidents afin de libérer des chambres et en remplir d’autres pour créer des zones covid et non-covid » explique Paul-Henri. « Une fois cette étape terminée, une formation était dispensée au personnel principalement pour rappeler les règles d’hygiène, d’habillage et déshabillage ou encore la circulation entre différentes zones sales ou propres. » L’aide a été particulièrement appréciée et l’accueil réservé aux intervenants de la zone de secours a été très chaleureux.

Voilà ce que Paul-Henri Menet retient aujourd’hui de cet épisode Covid en maison de repos. « Notre objectif a toujours été d’aider et non de contrôler. Nous mettions toujours prioritairement en avant le positif des actions du personnel soignant et les conseillions sur les situations qui pouvaient être améliorable ». 

Cécile Fievez, responsable du département prévision au sein de la Zone de secours de Wallonie Picarde

Outre les nombreuses missions AMU dans un contexte particulièrement difficile pour les ambulanciers, la Zone de secours de Wallonie Picarde s’est investie dans la gestion de la crise Covid-19 en collaboration avec les différents partenaires comme les services du gouverneur, les hôpitaux, les maisons de repos, la Protection civile, l’AVIQ ou la Défense. Les services planification informatique ont élaboré une plateforme de données pour rassembler et ordonner les différentes demandes des maisons de repos, des résidences services, des institutions pour personnes en situation de handicap de Wallonie Picarde.

Cécile Fievez, responsable du département prévision au sein de la Zone de secours de Wallonie Picarde, explique la mise en place de ce projet : « Par le biais de cette plateforme, nous souhaitions répondre de manière adéquate et rapide aux demandes en matériel, en conseils ou en personnel formulées par les MRS et autres. Cette plateforme était accessible aux différents services qui pouvaient répondre aux besoins comme les zones de secours, la Protection civile, la Défense et les services du Gouverneur de la Province. » Initiée par la zone de secours de Wallonie Picarde, cette plateforme s’est développée en collaboration avec l’AVIQ. « Cette collaboration a permis d’étendre le champ d’action et de partager nos données à toutes les provinces wallonnes » explique Cécile Fiévez. « Grâce aux données récoltées, un comité se réunissait quotidiennement et virtuellement afin de faire un point sur la situation des établissements considérés comme clusters, là où plus de 10 cas de Covid-19 étaient recensés. Nous intervenions ensuite dans les maisons de repos qui en faisaient la demande » ajoute-t-elle. « La réalisation de cette plateforme informatique a permis d’avoir un aperçu rapide des situations critiques dans les maisons de repos et autres institutions afin de pouvoir rapidement prendre les actions nécessaires pour leur venir en aide. »

Bert Brugghemans, commandant de la Zone de secours d’Anvers et Katrien De Maeyer, commandante de la Zone de secours de Rand  

© Riccardo Pareggiani© Riccardo Pareggiani

Du personnel formé à la gestion des risques 

Katrien De Maeyer, commandante de la Zone de secours de Rand explique : « Au début de la crise du coronavirus nous avons suspendu nos exercices et formations et limité le nombre de réunions. Seules les interventions ont été maintenues. Là aussi, notre objectif était de garantir une sécurité maximale. La crise nous a donc forcés à nous adapter régulièrement. À un moment donné, nous avons compris que la situation durerait encore longtemps. C'est pourquoi nous avons décidé de ne plus réagir à chaque changement, mais de nous concentrer davantage sur la gestion du risque Covid-19. En tant que pompiers, nous sommes d'ailleurs formés à la gestion des risques. »

Coopération et soutien mutuel 

Bert Brugghemans, commandant de la Zone de secours d’Anvers ajoute : « Le défi pour notre personnel était de continuer à travailler dans les casernes malgré la proximité. Nous avons donc essayé d'augmenter autant que possible les distances et de prendre des mesures de sécurité sans compromettre notre travail opérationnel. »

« Grâce au soutien et à l’étroite collaboration entre zones, nous n’avons jamais été contraints de suspendre nos activités durant la crise. Il est d’ailleurs important de noter qu’en Flandre, les pompiers assurent pas moins de 70 % des transports en ambulance. On l’oublie souvent, mais une grande partie de ces personnes sont des volontaires qui ont véritablement été en première ligne durant cette crise. Ils ont fourni un effort incroyable compte tenu de l'augmentation considérable du nombre de transports en ambulance. »

© Wim Hadermann© Wim Hadermann

« De plus, les pompiers sont particulièrement doués pour résoudre des problèmes jamais rencontrés et pour lesquels il n’existe encore aucune solution. Nous l’avons encore prouvé l’an dernier durant la phase aiguë de la crise, en étant les premiers à assurer certaines tâches que d’autres ont reprises par la suite. La distribution décentralisée des premiers masques partout en Flandre au début du premier confinement en est un bon exemple. »

Aider, c’est dans notre ADN

« Pendant le confinement, beaucoup de nos volontaires étaient à la maison, ce qui leur a permis d’être extrêmement disponibles (avec l’accord de leur employeur). Vouloir aider fait partie de leur ADN. Notre personnel s'est donc immédiatement montré prêt à intervenir entre autres pour la distribution des masques et le transport des malades. »

« Nous avons pu rester opérationnels dans la mesure où tous nos effectifs ont pris leurs responsabilités. Chacun d’entre eux est un maillon important dans la chaîne des secours. Cette solidarité est typique chez les pompiers. Actuellement, c’est difficile pour nos volontaires de ne pas pouvoir discuter dans la cantine après une intervention. Jour après jour, ils continuent pourtant à faire ce qu’on attend d’eux » conclut Katrien De Maeyer.

Bert Brugghemans : « Avant la Covid-19, la Protection civile et la Centrale d’urgence collaboraient déjà avec nous au quotidien. Face à la crise, nous avons donc pu faire preuve d'une plus grande flexibilité et nous compléter facilement, chacun avec nos points forts. En outre, le Netwerk Brandweer était déjà présent en tant que structure permettant une collaboration entre zones et une concertation avec les autorités fédérales. Cela s’est avéré une grande plus-value l’an dernier. Je considère que la mise en place d'un groupe d'experts en logistique, en collaboration avec la Défense et la Protection civile, a été une réalisation fondamentale. Alors que l'armée et la Protection civile travaillaient plutôt à grande échelle, les services d'incendie ont pu assurer la partie décentralisée grâce à la bonne répartition de leurs casernes. »

Dans le numéro spécial sur le thème de la Sécurité du « De Standaard », vous trouverez également des interviews de collaborateurs de la Protection civile et de la Centrale d'urgence 112 de Flandre orientale concernant l'impact du coronavirus sur leur service : 
https://nl.planet-future.be/veiligheid/de-impact-van-corona-op-de-werking-van-onze-veiligheidsdiensten/?utm_source=civiele&utm_medium=facebook_social&fbclid=IwAR0SW5EWJsG8_wxn65h2wSyyeqsdomt-9hituny-jF3gy63fEftiaZzWIKY